Le sentier vers le Mont Saint Michel

Le sentier, une belle expérience de spiritualité

Prologue

J’avais envie de sortir des chemins de ma jolie région, sortir aussi de ma zone de confort. Je voulais aller à pied au Mont Saint Michel. N’ayant pas l’habitude des grandes marches, j’ai cherché sur internet comment m’y rendre. En regardant une vidéo de l’émission des racines et des ailes sur le pèlerinage du Mont Saint Michel, ma compagne m’a trouvé le site d’une association de pèlerins qui s’appelle Le Sentier. Vous pouvez trouver le lien sur ma page d’accueil. Nous sommes en février et la marche du mois de mars est le premier pèlerinage de l’année 2022 de l’association. Nous devons partir le 16 mars à 9h.

15 jours avant je m’inscris. C’est une envie irrésistible qui me pousse a faire cela. Pour la première fois je vais marcher avec d’autres personnes , moi qui suis plutôt solitaire. Ce qui me pousse à partir avec cette association est qu’elle revendique de ne pas être une agence de voyage. Elle ouvre le chemin. Le reste c’est toi qui le fait. Les initiateurs de cette association sont deux amis d’enfance Bertrand Leroy et Manuel Goyer qui se connaissent depuis la maternelle.

1er contact avec l’association

J’arrive la veille à Champsecret . Le soir je fais la connaissance de mes premiers compagnons de route. Nous faisons une veillée. C’est là que je rencontre Dom et son ami Christophe. C’est ce dernier qui l’a entrainé dans ce périple. Après « multes » bières et le partage de nos victuailles, nous allons nous coucher à la belle étoile. 

Le tipi le point de départ du périple
Au mois de Mars la tente c'est pas mal

Journée 1

Le lendemain matin petit dej. Les derniers compagnons de route arrivent. Photo de groupe et nous partons vers 10h pour une petite étape de 21km en direction de Lonlay l’Abbaye. C’est aussi pour moi la première fois que je marche avec un sac à dos. Mon sac est trop lourd. J’ai pris trop de choses et ma tente est très lourde (3kg5). J’ai fait toutes les erreurs du débutant en matière remplissage de sac. Heureusement le sac par lui-même que j’ai acheté est très confortable pour le dos. C’est un sac conçu pour les femmes. Moi je le trouve très agréable à porter. C’est mon côté féminin qui doit ressortir. Ces 20 kms vont nous permettre d’apprendre à nous connaitre. Le groupe est constitué de personnes de tous âges. La majorité est plutôt jeune. 

10 h c'est parti
Notre première halte au village Le Cerisier
le long de la Varenne

Le chemin est partagé entre un peu de route, une voie verte au commencement et le GR 22. Nous marchons sous une météo mitigée soleil et pluie. Parfois le GR c’est transformé en petit torrent. A l’arrivée je découvre que j’ai des muscles aux adducteurs. Je ne peux presque plus marcher. Pour tout vous dire je suis un peu inquiet pour la suite. Pourtant je marche plusieurs fois par semaine. Pour finir je monte ma tente sous la pluie. Pas de bol ! La fatigue aidant je m’endors très rapidement. Il faut dire que j’ai fait la connaissance du Maire de Lonlay et nous avions beaucoup d’amis en commun. Du coup on a un peu arrosé ça. 😊

le long de la voie verte
le GR22 s'est transformé en cours d'eau
toujours le long de la Varenne
Lonlay l'Abbaye
Notre Dame des eaux a Domfront

Journée 2

Le lendemain c’est une belle marche d’une trentaine de kilomètre qui nous attend en direction de Mortain. Bizarrement je n’ai plus mal nulle part. La magie du sentier peut-être. Il fait très beau, frais mais très beau. Au début je marche à l’arrière. Je converse avec plusieurs de mes compagnons de route. Nous apprenons à nous connaitre . A midi je dévore les sandwichs achetés à la boulangerie de Lonlay. Ils sont délicieux surtout quand on a  faim. L’ambiance est top

9h nous sommes repartis
GR22
GR22

Nous repartons. Je marche avec Hubert et Patrick en avant. J’aime bien Hubert c’est une belle personne. Il est simple, intelligent et sportif. Patrick lui est plus réservé. C’est une force de la nature. Après la pause déjeuner nous nous dirigeons vers Rancoudray. Sur la route j’ai une soif terrible. Il faut dire que je n’ai qu’une petite gourde d’eau. La gourde c’est bien moi. Je n ai pris qu un thermo de 50cl. Heureusement Hubert va me donner un peu d’eau . En arrivant à l’église de Rancoudray je me jette sur la fontaine d’eau. Je vais boire au moins 5 litres d’eau. Après avoir fait le tour de l’église je me dirige vers le calvaire qui est particulièrement beau .

Eglise de Rancoudray notre Dame de la pitié
le calvaire de rancoudray
le calvaire ou monument du souvenir

C’est le plus ancien lieu de pèlerinage de la Basse-Normandie. Pendant la révolution, des prêtres réfractaires assurent le culte clandestinement. La statue se trouve à gauche du chœur de l’église. L’abbé Jean Lelandais fait rénover le sanctuaire deux cents mètres plus haut. Il est inauguré en 1901. En 1920, un « monument du Souvenir » est érigé sur le lieu de la découverte avec les pierres de l’ancienne chapelle. De nombreux miracles sont attribués à Notre-Dame de Pitié. Principal pèlerinage le jour de l’Ascension : l’on se rend en procession depuis l’église jusqu’au monument du Souvenir et devant le chemin de Croix.

Avant d’arriver à Mortain il y a deux belles montées. Nous sommes comme des gosses. C’est à qui sera le premier en haut de la première cote. Une fois arrivé en haut avec le sentiment d’être des champions, nous éclatons de rire. De vrais gamins vous dis-je. Le reste de la troupe nous rejoint. Dominique est dans les premiers. Je suis toujours étonné par la cadence régulière de ses pas. Ils ont tous le sourire. Je prends un maximum de photos. La deuxième ascension nous mène à la petite église saint Michel. Cette petite église a une histoire que je vous invite à lire sur cette page Web :  https://cestbeaulamanche.com/chapelle-saint-michel-mortain/  

Une fois l’église passé nous nous rendons vers le Moulin des Quatre Temps (https://www.moulindesquatretemps.fr/) La nuit est tombée. Ceux qui connaissent partent en avant. Dans le groupe il y Christiane qui pour la première fois, fait le voyage avec son mari Jean-Luc. Ce dernier a fait le sentier plusieurs fois. Cette étape a mise à mal les jambes et les pieds de notre marcheuse. Elle marche a 3km/h et souffre pas mal. Nous retrouvons vite seuls et nous nous perdons.  Nous retournons sur nos pas et par chance nous tombons sur Bertrand qui fermait la marche. Nous arrivons au Moulin un gite fait pour les pèlerins. Un super endroit et une famille d’accueil formidable. Cet havre de repos est tout simplement merveilleux. La magie du sentier commence à se faire sentir. Tu appelles ta famille au téléphone et tu ne sais pas quoi leur raconter. La spiritualité du chemin reste en toi. Ce que tu ressens aucun autre n’a le même ressenti. Il est unique et commun pour chacun d’entre nous. Patrick, Hubert et moi dormons dans la même chambre. Il ne nous faut pas beaucoup de temps pour nous endormir. Ce fut une journée intense. 

Journée 3

Après avoir petit déjeuner, Hubert m’emmène voir l’Abbaye blanche à côté du gite. Les bâtiments cisterciens sont impressionnants. Puis nous prenons congé de nos hôtes, et reprenons le chemin pour Isigny le Buât.

La première partie est très sympa. Nous passons devant les cascades de Mortain. C’est magnifique. Ce doit être paradisiaque en été. Le bruit de l’eau est un ravissement. La rivière passe sous nous , puis nous accompagne avant que nous ne la laissions poursuivre son chemin. 

la grande cascade de Mortain
passage au dessus du Cançon
le Cançon et la petite cascade

Après une halte dans une petite église,  nous nous retrouvons sur la voie verte qui nous emmène jusqu’à Isigny. Il fait un temps magnifique La voie verte est un bon endroit pour échanger avec mes compagnons de voyage. Par contre le revêtement de la voie nous chauffe les pieds, d’où l’importance d’avoir de bonnes chaussettes. Pour certains ou certaines d’entre nous le plaisir peut se transformer en enfer. Plusieurs marcheurs pourraient nous en parler, c’est le cas de Fabienne. Notre camarade de sentier  est une bonne marcheuse, pourtant ce jour-là les ampoules se manifestent. Avec Huber nous nous apercevons qu’elle boite un peu. Elle nous fait part de son problème Mais rien ne va l’arrêter. Peu avant le repas elle retire ses chaussures pour finir en tongs. Elle ira jusqu’au bout avec celles-ci. Je la regarde halluciné, je serais bien incapable de marcher avec ce genre de chaussures. Elle nous montrera une nouvelle fois son côté volontaire quelques mois plus tard, en faisant en une seule fois le pèlerinage de Saint Jacque de Compostelle. Arrivé à Isigny nous nous retrouvons au bar de l’Aveine. L’ambiance est festive. Le soir nous nous endormons à la belle étoile après avoir partagé nos agapes.  Nous devons partir de bonne heure car la marée n’attend pas .

la voie verte en direction d’Isigny

Journée 4

5h je suis réveillé. Je fais un petit tour dans le village qui sommeille. Je suis particulièrement excité car dans l’après-midi nous allons traverser la baie du mont Saint Michel pour enfin arriver à notre objectif final. A 6h30 nous partons. Il ne fait pas chaud, à peine 4 degrés, une température normale pour une mi-mars. Il fait nuit.

La marche est rapide à l’avant et nous avalons les kilomètres. L’aube nous offre une vue magnifiquement coloré de la campagne. Au loin sur une hauteur avant Ducey nous pouvons apercevoir le Mont Saint Michel. C’est un tout petit point mais il est là, et cela réchauffe le cœur. Nous arrivons enfin a Ducey. Nous précipitons dans un bar où l’association a ses habitudes. Après nos achats dans une jolie boulangerie nous reprenons la route en direction de Pontaubault.  

Nous longeons la Sélune et passons sous le célèbre pont de la petite ville. C’est grâce à ce pont que  le sort de la guerre a basculé en faveur des alliés. (https://www.wikimanche.fr/Pont_de_Pontaubault) C’est à une cinquantaine de mètre du pont sur les berges de la Sélune , célèbre pour son mascaret que nous nous restaurons avant d’attaquer la dernière partie de notre marche. Nous repartons au travers des pâturages pour nous diriger vers le point de rencontre avec nos passeurs. Nous sommes inquiets pour l’une d’entre nous qui ne peut quasiment plus marcher. Des compagnons prendront son sac a dos. Quand à moi je lui offrirais mon bras pour passer les bras d’eau pendant la traversée de la baie. Martine M prend son mal en patience. En regardant ses jambes et ses pieds j’ai mal pour elle. A notre retour, quelques jours plus tard je recevrais un mail ou elle m’écrit ceci :

Personnellement, j’ignore si j’ai donné de ma personne, mais je ressens profondément avoir beaucoup reçu, notamment de toi pendant la traversée de la baie et je te remercie du fond du cœur. C’était la première fois que j’accomplissais cette marche et toi aussi je crois… peut-être avons-nous un petit peu terrassé notre part de dragon en nous ! Que la vie nous soit belle pour chacun !

arrivée à Pontaulbaut

Traverser la baie à pied pendant les marées équinoxes est une belle expérience. Certes au mois de mars l’eau n’est pas bien chaude, mais on s’y fait vite. Par contre le vent est vraiment froid. Il arrive même à traverser mon blouson doublé d’une feuille d’aluminium. C’est incroyable. Au début le sable est dur. Puis nous allons passer la première rivière. Avec cette marée à fort coefficient, l’eau nous arrive en haut des cuisses. Puis nous passons les sables mouvants. Il ne faut pas s’arrêter sur eux. Les passeurs devant nous sondent en permanence avec leur bâton le sable. C’est drôle de marcher sur cette texture meuble qui se dérobe sous vos pas. Nous allons traverser 3 rivières ,la Sélune, la Sée et le Couesnon. Avec la marée équinoxe les courants sont fort. Enfin nous arrivons au pied du Mont Saint Michel. Le passeur nous fait mettre en rond et nous offre à chacun un petit verre de calva. Y a pas à dire ça réchauffe l’âme et le corps. Puis nous repartons vers la porte des pèlerins. Ecrire ce que l’on ressent pendant le voyage reste indéfinissable et je rentrerais à Rambouillet serein.

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